Plus qu’une simple vocation, cette deuxième partie de la charte du Parc propose une vision plus globale du projet pour le territoire.
Le paysage est le révélateur de la bonne santé du territoire. À partir de son support géographique et historique, le paysage est le reflet des politiques publiques, des identités locales et des multiples choix individuels au cours des ans. Il permet de comprendre et d’analyser les logiques humaines. Vouloir choisir les paysages de demain, c’est refuser de subir les transformations aléatoires, c’est assumer une cohérence pour offrir une qualité de vie pour tous.
Particulièrement attractif, le territoire du Parc naturel régional est soumis à de fortes pressions d’urbanisation liées aux activités économiques, à l’habitat et au tourisme. Entre 1998 et 2005, la progression de l’artificialisation des sols (édification de bâtiments ou d’habitations, aménagements routiers…) aura été de 6,5%, alors qu’elle n’a été que de 3% entre 1990 et 1998 ! Cette forte augmentation de la consommation de terres induit des menaces sur l’agriculture, les paysages, l’environnement et la biodiversité, qu’il faut maîtriser, sans pour autant freiner le développement du territoire.
La charte du Parc veut infléchir nettement cette tendance actuelle de consommation d’espace agricole par l’urbanisation, en accompagnant la mise en œuvre de documents d’urbanisme cohérents, d’outils et de procédures de maîtrise foncière, et par des démarches de sensibilisation et d’expérimentation. Des réflexions spécifiques sont à mener sur l’aménagement des couronnes urbaines de Boulogne-sur-mer et Saint-Omer. La charte propose de développer des alternatives à l’usage de la voiture individuelle. Cette volonté de gestion économe de l’espace passe aussi par la maîtrise du boisement des terres, tout en participant au « plan forêt régional », et la mise en place d’un schéma territorial des énergies renouvelables.
La charte propose d’accompagner les projets d’aménagement afin d’améliorer leur prise en compte du développement durable et du paysage. En intervenant le plus en amont possible des projets, l’équipe technique du Syndicat mixte du Parc peut les infléchir favorablement. Cela passe aussi par des conseils d’aménagements paysagers. La charte veut expérimenter des solutions nouvelles en matière d’urbanisme et de logement afin de répondre à la nécessité de consommer moins d’espace, de favoriser plus de mélange entre générations et types d’habitat, tout en participant à la qualité paysagère et architecturale.
Le marais audomarois fait l’objet d’une action volontariste pour sa sauvegarde, coordonnée par le « groupe de travail marais » du Syndicat mixte du Parc et de la communauté d’agglomération de Saint-Omer (CASO).
La charte confirme cette volonté de faire vivre le groupe de travail marais et de mettre en œuvre le document d’objectifs en cours et les suivants. Elle insiste sur le rôle essentiel que jouera la maison du marais dans ce dispositif.
Le littoral du Parc naturel régional, remarquable par son patrimoine, sa fréquentation et son agriculture, est un territoire très convoité. Cette interface entre la terre et de la mer nécessite la définition et la mise en œuvre d’un plan de gestion intégrée, avec une gouvernance multi-partenariale dans la lignée de celle de l’opération Grand Site menée par le Conseil général du Pas-de-Calais.
La charte du Parc propose de concilier les usages multiples du littoral pour préserver ses paysages et sa biodiversité, sources de son attractivité touristique, et d’améliorer l’accueil partagé des habitants et des visiteurs.
Certains paysages spécifiques des Caps et Marais d’Opale méritent des démarches plus appuyées, croisant plusieurs thématiques et affirmant les objectifs à mettre en œuvre pour « un paysage choisi », sous l’égide d’un groupe de travail partenarial.
La charte du Parc propose la mise en œuvre d’un plan de paysages sur les « Monts », associés aux coteaux calcaires, qui traversent le Parc d’ouest en est. C’est aussi le souhait pour le bocage boulonnais, avec la Communauté de communes de Desvres-Samer, les intercommunalités adjacentes et tous les acteurs du territoire (maintien de l’agriculture d’élevage, trame verte et bleue, patrimoine bâti, maîtrise de la péri urbanisation…). Enfin, le « plan de paysage du bassin carrier de Marquise », élaboré en 1994 pour construire les paysages modifiés par l’activité d’extraction, doit maintenant s’élargir à d’autres thématiques, comme la biodiversité.
Enfin, la charte veut développer les échanges autour des paysages, avec les habitants et visiteurs du territoire, mais aussi dans le cadre d’un réseau européen de paysages protégés sur le secteur Manche Mer du Nord.